Maire-info
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Édition du mercredi 7 juin 2017
Logement

Richard Ferrand : « Logement d'abord » plutôt qu'hébergement d'urgence

Le ministre de la Cohésion des territoires, dont les attributions comprennent également le logement et la prévention de la précarité, a reçu hier les représentants d’une quinzaine d’associations de lutte contre l’exclusion. Il a annoncé à cette occasion le lancement d’un « plan quinquennal pour le logement d’abord ».
Derrière cette expression de « logement d’abord », il y a un concept venu des États-Unis dans les années 1990, le housing first, qui a commencé à être transposé en France en 2010 avec le programme expérimental « Un chez-soi d’abord ». L’idée est simple : trouver des solutions pour mettre un logement à disposition des personnes les plus fragiles, notamment celles qui sont victimes de pathologies mentales ou psychiques. Ce concept part du constat que 30 % des sans-domicile-fixe souffrent de troubles mentaux, et qu’avant de tenter de les soigner, il faut commencer par leur offrir un toit. Le moyen utilisé est « l’intermédiation locative » : une association loue un logement, puis le sous-loue à la personne, en prenant en charge une partie du loyer.
Le programme « un chez-soi d’abord »  a été expérimenté à partir de 2011 à Paris, Lille, Marseille et Toulouse, et a permis de loger 353 personnes. Il a surtout permis de tester le système et ses implications, et de comprendre que son coût –estimé dans une étude à 14 000 euros par personne et par an – est inférieur aux coûts évités (17 000 euros par personne et par an). D’où la généralisation de ce dispositif à tout le territoire, et toujours en direction des personnes souffrant de troubles mentaux, par un tout récent décret du 26 décembre 2016.
Depuis, l’Ansa (Agence nationale des solidarités actives) a rendu un rapport, en mars, pour généraliser le dispositif « Logement d’abord »  au-delà des seuls malades. Elle préconisait notamment un renforcement du pilotage local du dispositif, en « incitant les EPCI à se saisir de leurs nouvelles compétences pour porter des politiques volontaristes à l’égard des personnes sans domicile ».
Le nouveau ministre en charge du Logement semble se trouver sur la même longueur d’onde : plutôt que de privilégier l’hébergement d’urgence, il souhaite promouvoir la démarche Logement d’abord, qu’il a définie hier comme « la base fondamentale pour changer de logique, un principe directeur ». Richard Ferrand a rappelé que le président de la République s’était engagé, pendant sa campagne, à apporter « des réponses structurelles et performantes aux questions d’hébergement ». Jusqu’à maintenant, a expliqué le ministre aux associations, la réponse a été « essentiellement quantitative et nous étions entrés massivement dans une logique de l’hébergement d’urgence, qui était devenue la règle plutôt que l’exception ». Changement de cap, donc : le ministre souhaite, détaille un communiqué du ministère, « lancer un plan ambitieux sur cinq ans pour accélérer la mise en œuvre du principe du « Logement d’abord »  en orientant les personnes sans-domicile, de la rue ou de l’hébergement d’urgence vers le logement ». Il s’agit de passer « d’une réponse construite dans l’urgence s’appuyant majoritairement sur des places d’hébergement avec des parcours souvent longs et coûteux, à un accès direct au logement avec un accompagnement social adapté aux besoins des personnes ».
Le ministre n’a pour l’instant pas fixé d’objectif chiffré, disant seulement sa volonté de réduire « significativement »  le nombre de personnes sans domicile d’ici 2022.
F.L.
Télécharger le rapport de l’Ansa.

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